À 8 ans, je me promenais à vélo, je jouais à la « tag », et, comme la plupart des enfants de mon âge, j’allais au dépanneur où des messieurs beaucoup trop patients remplissaient des sacs bruns de bonbons soigneusement choisis un par un.
J’écrivais aussi des chèques, j’appelais Hydro-Québec, je posais des questions aux commis à l’épicerie et dans les grands magasins, comme la plupart des enfants d’immigrants allophones de première génération. Je comprenais vaguement la dualité intrinsèque du déracinement, j’étais consciente de la différence, mais je ne saisissais certainement pas entièrement l’ampleur du défi de l’apprentissage de la vie au Québec, celui que relevaient mes parents tous les jours.
Au fil des ans, j’ai commencé à mieux comprendre. À associer la puissance des mots à des concepts : choix, options, société, communauté, repères, culture. J’ai lu, écouté, encouragé, partagé, pleuré, créé, appris, recommencé, changé d’idée, surmonté des barrières et des défis… J’ai vécu au rythme des intonations et de la ponctuation de la langue française. J’ai appris concrètement l’importance de la langue commune.
Aujourd’hui, je suis fière d’œuvrer au sein d’une fondation qui mène des projets à destination des allophones et des francophiles, pour faciliter l’apprivoisement de la société d’accueil avec sensibilité, humour et rigueur, dans le plaisir. Une fondation qui met de l’avant des projets comme deux par deux, pour réunir les gens autour de la langue française.
Je souhaite prendre le temps de vous remercier, à titre personnel, cher.ère.s bénévoles et participant.e.s, d’être avec nous dans ce magnifique défi qu’est la création d’un vivre ensemble qui nous ressemble, avec toutes ses nuances et ses traits bien distincts, en français.