Quatre artistes visuels qui ont marqué l’histoire de l’art au Québec.

Quatre artistes visuels qui ont marqué l’histoire de l’art au Québec.

En raison de la somptuosité1 de ses paysages qui changent de couleurs au rythme des saisons, mais également de la richesse culturelle, intellectuelle et politique qui fait partie intégrante de son patrimoine, le Québec voit naître en son sein une pluralité de pratiques artistiques toutes plus riches et inspirantes les unes que les autres. Cet article se propose de brosser le portrait de quatre artistes visuels qui ont chacun à leur manière fait rayonner, parfois même à l’international, la scène artistique québécoise.

Marc-Aurèle Fortin.

Marc-Aurèle Fortin naît le 14 mars 1888 à Sainte-Rose. Il a consacré l’ensemble de sa carrière artistique à la peinture de paysages québécois. Ses nombreuses expositions l’ont mené à visiter l’Afrique du Sud, la France, l’Italie et les États-Unis, ce qui a eu une incidence majeure sur le développement subséquent2 de son style lors de son retour à Montréal en 1935. Marc-Aurèle Fortin aurait peint au cours de sa vie environ 8 000 œuvres. La plupart de ses inspirations proviennent des paysages qu’il a eu la chance d’observer lors des promenades à bicyclette qu’il effectuait quotidiennement dans son village natal. Il est connu pour avoir développé une technique afin de bien représenter la chaleur des ciels d’été au Québec. Cette technique consistait à peindre sur des fonds gris ou noirs. Cela avait pour conséquence de faire ressortir davantage les couleurs de ses toiles et de leur donner un effet de saturation3.

Paul-Émile Borduas.

Paul-Émile Borduas naît le 1er novembre 1905 à Mont-Saint-Hilaire. Figure de proue4 du mouvement Automatiste – lequel consiste à peindre de manière intuitive et expérimentale des œuvres non représentatives –, et principal auteur du manifeste intitulé « Le Refus global », Borduas est reconnu pour la diversité de ses inspirations et de son éducation artistique, passant ainsi d’une expertise des reliques religieuses et de l’ébénisterie à une grande connaissance des techniques propres aux beaux-arts qu’il étudie à la fois au Québec et en France. Sa volonté de se détacher des conventions et son criticisme du gouvernement Duplessis, de la religion catholique et de l’élitisme du monde artistique nourrissent ses productions artistiques et inspirent grandement ses contemporains, de sorte qu’il devient au cours de sa carrière un artiste reconnu certes au Québec, mais également en France et aux États-Unis.

Lyne Lapointe.

Lyne Lapointe naît le 10 août 1957 à Montréal. Artiste plasticienne multidisciplinaire se spécialisant en installation, en peinture, en sculpture et en collage, sa pratique lui permet de déployer une critique non institutionnelle de diverses formes de violence perpétrées5 à l’encontre de minorités de sexe, de genre ou d’ethnicité. Elle forme avec Martha Flemming – autre artiste canadienne de renom qui a également été sa compagne – un collectif intitulé « Les petites filles aux allumettes ». Ensemble, elles ont créé de nombreuses installations. Si ce type de projet a d’abord pris place dans certains quartiers défavorisés et/ou marginalisés de Montréal, elles décident éventuellement d’en créer de nouveaux dans d’autres grandes métropoles du monde, telles New York et Sao Paulo.

Marcelle Ferron.

Marcelle Ferron, née le 29 janvier 1924 à Louiseville, est une artiste avant-garde grandement influencée par le mouvement automatiste auquel elle adhère en 1946. Si elle est reconnue pour l’intensité des couleurs et la fluidité des figures qui animent ses œuvres, elle l’est tout autant pour son engagement au sein de diverses causes, notamment démocratiques, indépendantistes, syndicalistes et féministes. Elle s’installe en France en 1953 et y réside pendant environ treize ans au cours desquels elle s’initie à l’art du vitrail, lequel deviendra un de ses médiums de prédilection. Il est par ailleurs possible d’apprécier sa verrière6 intitulée Verre-écran à la station de métro Champ-de-Mars à Montréal. Elle est faite chevalière de l’Ordre national du Québec en 1985, promue officière de l’Ordre national du Québec en 2000. Elle est également la première femme récipiendaire du prix Paul-Émile Borduas en 1983.
1 Qualifie quelque chose de magnifique, de splendide ou de luxueux.
2 Qui vient à la suite de quelque chose.
3 Plus une couleur est saturée, plus elle est vive.
4 Au sens figuré, ce terme est utilisé pour qualifier le membre emblématique d’un groupe, le chef de file d’un mouvement, d’un courant artistique, ou d’un courant de pensée.
5 Acte commis qui a souvent une connotation négative.
6 Grande fenêtre ornée de vitraux (pièces de verres assemblés à l’aide de fer).

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